Dans la mesure où l’on ne peut admettre la réalité d’une telle productivité, on en déduit que les chiffres du Quai d’Orsay sont erronés, voire fantaisistes. Au total, un peu plus de 20 milliards [de francs pour les dépenses de l'État] »[299]. Alors qu’on pouvait craindre des réactions violentes de la part des populations laborieuses, il n’appairait pas que les grévistes s’en soient pris aux prisonniers. On était là à se toiser quand il s’écria : « Fish, fish ». En réalité, d’un point de vue juridique, la convention de Genève demeure valable car la Suisse, pays neutre, pouvait se substituer à l’Allemagne dans son rôle de « puissance protectrice » (pays dont les prisonniers sont détenus par la « puissance détentrice »). Mais la circulaire d’avril 1947 relative à la rationalisation de la répartition économique des PG – elle sera évoquée plus en détail ci-après – prévoit la suppression totale des commandos militaires : les effectifs globaux entrent véritablement dans leur phase de décroissance et il est dès lors nécessaire de fixer et de tenir des priorités économiques. On était là à se toiser quand il s’écria : « Elle se remémore particulièrement, le premier contact en tenue de l’armée allemande, totalement démunis (aucun change) et leurs corps parsemés de nombreux anthrax et parasites. Mais aux conditions matérielles déplorables s’ajoutent les brimades, les mauvais traitements, voire les exactions, commis par les GIs. Et la fin de la guerre permet enfin à la France d’appliquer un plan d’action. D’après le témoignage de Johannes Sticker, l’affection des PG dans les commandos ruraux répond à des procédures très souples. Un autre camarade est arrivé. Entre 1945 et 1948, près d’un million de prisonniers de guerre allemands (PGA) ont été détenus en France où ils ont contribué, par leur travail forcé, à la reconstruction de l’économie nationale. Dès lors, on peut supposer que la France a probablement dû subir très tôt les pressions des gouvernements de pays dont des ressortissants sont détenus. Outre la peur des conséquences socio-économiques, il existe des rumeurs récurrentes selon lesquelles les PG bénéficieraient d’un traitement de faveur. Condition:--Ended: Nov 29, 2020, 12:49:43 PM EST. Ce souhait de demeurer en France est au demeurant loin d’être un phénomène isolé, au contraire. Le seul document officiel retrouvé mentionnant ces opérations de déminage en mer est le procès-verbal d’une des réunions mensuelles qui ont réuni les représentants des parties prenant part au déminage. Il est plus difficile d’estimer le nombre d’engagés et au-delà, de mesurer l’efficacité de cette campagne de recrutement. La tension monte jusqu’à ce que les dominions et les alliés de l’Allemagne, fassent respectivement pression sur Londres et Berlin pour que cesse l’escalade. Quoi qu’il en soit, les prisonniers souffrent de leur isolement et plus encore, de ne jamais connaître l’échéance de leur détention. Toujours selon François Cochet, ce serait de telles accusations, portées par des Français à l’encontre des autorités américaines, qui auraient contribué à faire réagir les États-Unis d’autant plus vivement. Cet ancien PG, Ernst Heiner, en témoigne : « (…) chaque homme aurait dû savoir, dès le début, combien de temps, il allait rester prisonnier. Au Portel (banlieue de Boulogne-sur-mer), la situation des PG est telle que, fait exceptionnel, la municipalité décide de mettre en place une commission d’enquête[165]. Les autorités militaires craignaient notamment que leur moindre prédisposition à des travaux manuels et leur plus grande exposition à l’endoctrinement nazi soient un frein à l’intégration sociale[442] ; cela ne les empêche néanmoins pas d’approuver in fine, quelques mois plus tard, la transformation, à titre exceptionnel, d’officiers en travailleurs libres. Signalons par ailleurs que jusqu’à la parution de la circulaire no 163 MO de janvier 1946, certains employeurs individuels sont exemptés de l’indemnité et profitent, par conséquent, d’une main-d’œuvre très bon marché[297]. Dir. Il est peut-être possible d’établir un parallèle entre le souvenir de la détention des PGA et celui d’un épisode proche par certaines de ses caractéristiques historiques. Cela illustre la difficulté d’évaluer l’effectif national des PG avec précision et dans la durée, au moins avant l’année 1947. Ailleurs, les propos d’un militant local du Mouvement républicain populaire en Normandie vont dans le même sens[335]. « L’accueil à Dijon est très pénible. Ainsi, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n’était pas rare qu’un certain nombre de prisonniers jouissent d’une certaine liberté, et ce dès 1945. Cette mise en cause des autorités françaises a peut-être conforté les historiens français dans leur « silence »[Interprétation personnelle ?]. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770810/2, Courrier du ministère de la reconstruction aux délégués départementaux, 10 octobre 1946. Horst Fusshöller est affecté au commando de déminage de Soulac-sur-Mer (Gironde) dès sa création, le 15 septembre 1945. Ce témoin est répertorié sur les listes de PG démineurs placés en Gironde libérés en août 1947 ; son commando était officiellement dénommé « Pingouin ». Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770810/2, courrier du ministre des Armées au ministre de la Reconstruction, 22 août 1946. C’est aussi à cette date que le général Buisson décide de la libération anticipée de ces PG en raison des services qu’ils ont rendus. Ces témoignages reflètent probablement à eux seuls mieux que tout, l’état d’esprit de la plupart des hommes. La nécessité d’augmenter les revenus de l’État et le souhait d’empêcher autant que se peut l’émergence d’une main-d’œuvre à même de concurrencer les travailleurs français ont pu motiver la suspension de ces exemptions. Une opération similaire a eu lieu, la veille, dans une localité de la Haute-Marne. Find all the books, read about the author, and more. se propose d’en dresser l’historique. Au total, ce sont là les 600 000 prisonniers manquants que les Américains prévoient alors de livrer progressivement[183]. Son auteur n’y affirme rien de moins que Français et Américains ont intentionnellement maintenu les prisonniers allemands dans des conditions matérielles très critiques, violant sciemment la convention de Genève. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, rapport au commissaire de la République de Lille, 15 janvier 1946. Si le succès des politiques d’intégration des PG semble avoir été limité, les autorités françaises désirent favoriser l’intégration des travailleurs libres. Or celle-ci, au vu de sa situation plus désastreuse encore, est incapable d’apporter une quelconque forme de dédommagements financiers. De surcroît, la réminiscence du souvenir ne pourra s’opérer que si l’individu est de nouveau en contact avec le groupe. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/84, Destinataire et expéditeur inconnus, « Résolution adoptée par la Commission de l'Industrie charbonnière », 5 décembre 1945. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Série Z 22, Mémorandum du Comité international de la Croix-Rouge, 2 juillet 1946. Ce passage d’un rapport du préfet de l’Oise en juillet 1945 abonde en ce sens : « La répugnance qui existait dans le monde agricole contre cette main-d’œuvre a, à l’heure actuelle, totalement disparu »[144]. Les conditions de vie de ces premiers prisonniers allemands ont vraisemblablement été très pénibles, ne serait-ce qu’en raison des caractéristiques climatiques de l’Afrique du Nord et des perspectives de paix encore lointaines. À l’inverse de la France, un organisme indépendant, le Young Men's Christian Association, fut directement associé, et financé à cet effet, à la mise en place des activités sportives et culturelles destinées aux prisonniers ainsi qu’à la promotion des valeurs démocratiques[357]. Les dépôts eux-mêmes disposent de services annexes : nous avons ainsi vu qu’en août 1945, au cœur de la crise, les autorités obligent chaque dépôt à s’équiper des structures médicales adéquates ; chaque camp de prisonniers est censé disposer d’une infirmerie et chaque dépôt d’un lazaret. Ainsi, la vision d’une France résistance puis celle d’une France totalement Vichyste ou atone ont écrasé une vision plus nuancée des réalités de l’occupation ». Les plus chanceux d’entre eux ont encore une famille qui est parvenue à survivre à la guerre et à surmonter l’absence de plusieurs années d’un mari ou d’un père. Pour procéder au calcul du bilan économique, on prend en compte les salaires que recevraient les PG au travail s’ils étaient considérés comme des travailleurs libres. Pour ce même secteur, les « milieux intéressés » (il s’agit probablement des démineurs civils) estiment, au début des opérations, à 30 % le taux de PG amenés à être tués ou blessés lors des opérations de déminages[212]. Image not available. Ainsi, les prisonniers d’un camp de la Sarthe ne reçoivent que 800 calories quotidiennes avec pour conséquence une dizaine de morts par jour[121]. Il a fallu attendre les années 1970 pour que soit mise à mal la vision d’un peuple français récusant en bloc l’armistice et de celle d’un gouvernement dans lequel s’opposait un maréchal Pétain bienveillant, menant double jeu avec les Allemands, face au traître Laval. Pourquoi nous sommes ici ? En dépit de la dangerosité de leur tâche, les prisonniers démineurs ne semblent pas jouir de meilleures conditions matérielles que celles des prisonniers affectés aux travaux non dangereux. Selon Horst Fusshöller, les suicides ne sont pas rares au cours des premières semaines de détention, en 1945, lorsque les conditions sont les plus éprouvantes[96]. Qu’il y ait une corrélation ou non, la Croix-Rouge française alerte dans un courrier du 26 septembre le général de Gaulle. Contrairement à ce que nous verrons, les autorités britanniques sélectionnent prioritairement les dossiers des candidats célibataires ; ceux des hommes mariés ne le seront qu’en cas d’effectifs insuffisants. Ainsi, du point de vue allemand, il semble que les prisonniers sont d’une part perçus comme ceux devant payer pour une minorité de coupables et d’autre part, on le voit, le système des prisonniers de guerre est d’abord perçu comme un système à visée « punitive » et visant à exploiter économiquement d'une manière éhontée les PG.

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