Musée Carnavalet, Paris. Une question majeure se pose alors : faut-il instruire les femmes, ou faut-il les éduquer à obéir et à admettre que « du côté de la barbe est toute la puissance » ? Comme je commence à connaître qu’on m’a toujours tenue dans l’ignorance, j’ai peur de mettre quelque chose, qui ne soit pas bien, et d’en dire plus que je ne devrais. / Peste! Faire rire est donc le moyen de créer un mouvement de bascule, en ramenant le public vers ce qui n'est, après tout, que du théâtre, fiction, illusion... Il enrichit ainsi la comédie, tout en donnant aux metteurs en scène une totale liberté d'interprétation. De là vient la structure de l’intrigue, organisée autour de cinq rencontres : à chaque fois, Horace se confie à Arnolphe, sans la moindre crainte. De plus, la société du XVII° siècle ayant vu les Précieuses revendiquer leur indépendance, il fait un portrait péjoratif de ces "femmes d'aujourd'hui qualifiées de "coquettes vilaines", et de leurs "fredaines", c'est-à-dire leurs aventures amoureuses avec les "jeunes blondins". Madame, De même le mot « flammes », banal dans le vocabulaire amoureux du XVII° siècle, prend ici une autre valeur, celle du feu de l’alchimiste qui transforme le plomb en or : l’amour a transformé l’Agnès naïve, un peu sotte même, en une Agnès fine. Analyse des personnages. «  L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière  » est également traité dans : L'École des femmes, de Molière. Je veux vous écrire, et je suis bien en peine par où je m’y prendrai. Ainsi les couvents se chargent de les rendre les plus innocentes possible. Agnès avait grandi, en effet, dans un mensonge, l’idée que l’amour était un horrible péché, et Arnolphe aussi avait entretenu l’illusion de ne pas être trompé par une femme « sotte ». Le dénouement classique doit répondre à trois "règles". Chrysalde utilise le nom d’Arnolphe : « il me vient à la bouche, / Et jamais je ne songe à Monsieur de la Souche », le nouveau « nom de seigneurie » adopté par Arnolphe. Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et recevez en cadeau un ebook au choix ! faut-il tenir compte de leur nature, autrement dit de leur aptitude au plaisir, ou bien faut-il s'appuyer sur la morale des pères et sur la religion pour les tenir dans leurs devoirs de femmes bientôt mariées ? © 2020 Encyclopædia Universalis France.Tous droits de propriété industrielle et intellectuelle réservés. Quelles sont les conditions des représentations ? […] Lire la suite, la rentrée de septembre, pour interdire les signes « ostensibles » à l'école, au nom d'un « sursaut républicain » qui doit aussi concerner les « droits des femmes » et leur « égalité avec les hommes ». Le comique de caractère naît toujours d'un décalage par rapport à la norme sociale. je crève..." quand il écoute le portrait fait de lui (I, 4), ou apprend la ruse d'Agnès (III, 4), et du ton tragique qu'il adopte alors. Au lieu d'être un sujet heureux et une source de joie, c’est un sujet qui entraîne des conflits et des tensions entre les personnages. Vient alors le temps des succès avec, notamment, Les Précieuses ridicules en 1659 et L'École des femmes en 1662. 1er temps de la rencontre : la joie d'Arnolphe, par la Compagnie Jean Thomas, Avignon, Mais, en même temps, Arnolphe est obligé d’être hypocrite en continuant à feindre d’être l’ami d’Horace. S'enchaînent des mois d'efforts - dont Séverine est toujours l'instigatrice - et de tentatives pour convaincre son entourage alors que les tentations chez les amis, à l'école, sont nombreuses. Que peut êt [...], 1  Il ne l'épouse en fait que pour lui : "jouir de la couche et des embrassements..." (vers 685-688). De même, elle sait comparer deux conceptions du mariage, vu par Arnolphe (« fâcheux et pénible ») et vu par Horace : « rempli de plaisirs ». Mais la pièce comporte les principales caractéristiques du comique de mots, à commencer par  le "bon mot" d’Agnès cité à l’acte I, scène 4 par Arnolphe : "si les enfants qu'on fait se faisaient par l'oreille". Quelles conceptions du mariage le discours d'Arnolphe développe-t-il ? traître !". « Innocence » signifie, en effet, « incapable de nuire », or, ici elle le blesse en profondeur, et consciemment. » (v. 923) qui marque sa surprise devant le silence d’Arnolphe, obligé de se contraindre. La Bruyère et des Réflexions ou Maximes de La Rochefoucauld. La scène 5 de l’acte II confirme cette présentation à travers son peu de conversation, par l’aveu naïf de sa rencontre avec Horace, et la façon dont elle s’est fait duper par l’entremetteuse. À cela s’ajoute le reproche le plus odieux, celui d’ingratitude : « Malgré tous mes bienfaits former un tel dessein ! » Cette affirmation de soi va de pair avec une forme d’égoïsme, nécessaire pour se protéger : ses réponses sont blessantes pour Arnolphe, dont elle rejette les déclarations d’amour. Ainsi les termes sont choisis pour donner l’impression d’un effet magique, tels les verbes  « surprendre » ou « admirer », plusieurs fois répétés. Arnolphe, « le nez dans son manteau » pour qu’Agnès ne le reconnaisse pas, l’entraîne. Mais le dénouement lui donne une force supplémentaire, car il a eu la puissance de pousser les jeunes gens l'un vers l'autre, alors même que leurs pères les avaient promis l'un à l'autre. Il va ainsi se faire ses premiers ennemis, les "dévots", alors puissants. Ainsi, sa pièce est surtout un plaidoyer en faveur de l'amour. ») et l’interjection « Euh! Elle accède à la conscience, en étant maintenant capable de définir ce qu’elle ressent, et d’affirmer son amour avec force : « Oui, je l’aime ». Un an plus tard, en juin 1661, Molière créait L'École des maris . Par cette affirmation de son droit à aimer (« Et pourquoi, s’il est vrai, ne le dirais-je pas ? » (v. 1497-1498). Elle a conquis son identité de femme, et cette revanche ne peut que réjouir le public. devenue capable de lutter pour son amour. Difficilement, en raison de la distanciation, La distanciation est également due aux effets comiques, La tentative du héros pour se hausser à la noblesse tragique, pour recourir au pathétique afin de toucher Agnès, ne sert en fait qu’à le transformer en, Arnolphe, en effet, n’a pas vraiment changé, ce discours n’est qu’une manœuvre de plus pour conserver Agnès. Une série d'exemples soutient cette argumentation, en jouant sur une triple gradation. Molière ne prône rien de moins qu'une conception du naturel fondé sur l'intuition « L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière - Fiche de lecture », Encyclopædia Universalis [en ligne], Les attaques vont bon train, renforcées par, la gloire, en jouant pour les Grands, pour la Cour, à la demande du Roi qui le pensionne, Vers 1600, c’est le règne des contes, des farces et des fabliaux, genres littéraires hérités du moyen-âge : l’on s’y moque des femmes et de leurs multiples défauts, et des maris trompés. Luc CHATEL, notre "illustre" ministre de l'Education Nationale veut réintroduire la morale au niveau de l'Ecole Primaire. Elles-mêmes instruites, les Précieuses tiennent salon dans les "ruelles". Sur deux points, cette pièce apportait des nouveautés importantes. Il joue même à le consoler, en feignant d’entrer dans son camp, de lui apporter son soutien : « de vous raccrocher vous trouverez moyen » (v. 887), « Cela vous est facile » (v. 890). Si l'on imagine que la mise en scène place Arnolphe entre eux deux, cela ne peut que produire un effet comique qui achève de détruire toute illusion de vérité. Arnolphe aux pieds d'Agnès : l'inversion des pouvoirs. 25 novembre 2017, Publication du rapport Stasi sur les signes religieux à l'école. Agnès et Arnolphe dans une mise en scène de J. Lassalle à la Comédie française. » au vers 1522), elle reconquiert la dignité que lui refusait Arnolphe, et devient capable de distinguer le juste de l’injuste. Elle a mesuré son mépris envers elle, et ne se laisse plus humilier. En même temps, il développe un éloge de sa propre personne pour lui montrer à quel point il lui fait une faveur en l'épousant, mais sans penser un seul instant aux sentiments de la jeune fille. » en réponse au mot « malheur » employé par Horace, est en fait un cri de triomphe ;  « La porte au nez », répété en écho à la phrase d’Horace, montre qu’il est plein d’enthousiasme en entendant Horace lui raconter la façon dont ses ordres ont été bien exécutés. Entre-temps, la comédie a opéré dans la hiérarchie des jugements poétiques une ascension considérable, au point de rivaliser en considération avec le genre tragique. Arnolphe lui-même signale cette évolution dans la scène 4 de cet acte : « Et vous savez donner des rendez-vous la nuit / Et pour suivre un galant vous évader sans bruit. Les personnages: ARNOLPHE, autrement M. DE LA SOUCHE (le nom renvoie au saint patron des maris trompés "saint Ernol, le seigneur des cocus") Le ton d’Arnolphe révèle, au début, une véritable indignation face à la fuite d’Agnès avec Horace. La tentative du héros pour se hausser à la noblesse tragique, pour recourir au pathétique afin de toucher Agnès, ne sert en fait qu’à le transformer en un prétendant ridicule. L'acte V la montre pleinement devenue femme. » prouve qu’elle a très bien compris ce qu’est l’amour véritable, et n’a reconnu rien de tel dans les discours d’Arnolphe. Puis Horace crée un effet d’attente, par le connecteur d’opposition « Mais », et la reprise du verbe : « ce qui m’a surpris », « va vous surprendre » (v. 896). Les mariages arrangés vont contre cet instinct naturel, et contre la volonté des jeunes gens, et sont finalement causes d'adultère et de malheur pour les familles. » (v. 876), « Comment, d’un grès ? Il la rabaisse totalement, par un lexique péjoratif pour son origine sociale : "bassesse", "le peu que vous étiez", "vil état de pauvre villageoise". N’oublions pas que la pièce a été composée l’année même où tant de ses ennemis blâmaient Molière de son mariage avec Armande Béjard, de vingt ans plus jeune que lui. A l’école de l’Amour, Agnès démontre qu’il est dangereux de sous-estimer les jeunes filles. - Acte IV, scène 6 : Il lui confie son projet de rendez-vous secret dans la chambre d'Agnès. Arnolphe : ou M. de la Souche. Lire la suite, Dans le chapitre « « L'École des femmes » » D’un côté, il y a Plaute, qui, après Aristophane,  privilégie les procédés de la farce, jeux cocasses sur les mots, gestes excessifs, jusqu’à la grossièreté parfois. Il en va de même face à Agnès avec le rôle des apartés quand il écoute le récit de la rencontre d'Horace et l'éloge du jeune homme. tout semble se résoudre au dernier moment, comme par miracle ! ». Il y critique l'éducation donnée aux filles dans les couvents, qui leur cache les réalités naturelles de la vie. Mais, à la scène 4, Horace arrive. Ne reçoit-il pas là le résultat de son monstrueux égoïsme ? L'image traditionnelle des femmes. Christian BIET, Il me l’a dit plus de vingt fois à moi » (v. 593). Découvrons-nous un nouvel Arnolphe ? En quoi consiste l'idéal de "l'honnête homme" ? La suppression de ce mot était donc sociale, histoire de remettre les femmes à leur place. - Acte V, scène 6 : Horace confie à Arnolphe le projet de son père de le marier, et lui demande son aide. Lire la suite, . Mais la réaction soumise d’Agnès, au vers 1568, inverse la situation, en contraignant Arnolphe à changer de ton. Corneille et Rotrou avaient d’abord tiré de la comédie d’intrigue romanesque et de registre galant, dans le sillage de la commedia erudita italienne, un miroir flatteur et enjoué de la vie à l’âge des amours et des peines de cœur po […] Arrive alors la troisième gradation, qui définit le rôle de l'époux tout-puissant : "son mari, son chef, son seigneur et son maître". L’acte I a présenté Agnès, sans qu’elle ne paraisse en scène. Dites-moi franchement ce qui en est : car enfin, comme je suis sans malice, vous auriez le plus grand tort du monde, si vous me trompiez. Après la période de l'Illustre théâtre", fondé en 1643 avec Madeleine Béjart, et les difficultés financières alors rencontrées, Molière s'installe dans la salle du Petit-Bourbon, qu'il partage avec les Comédiens Italiens. » (v. 946). » (v. 1537-1538) Il semble alors enfin comprendre ce que lui expliquait Horace : « Chose étrange d’aimer » (v. 1572) Il en arrive ainsi à supplier Agnès (« aime-moi ») en se lançant dans un long discours où il renonce à tout ce en quoi il croyait, à commencer par la soumission qu’il exigeait : « Tout comme tu voudras tu pourras te conduire » (v. 1596). Elle a également pris conscience de son ignorance, due à la volonté d’Arnolphe, et exprime le désir d’apprendre : « Je ne veux plus passer pour sotte si je puis. Elle sert non pas à en faire son éloge mais, au contraire, à en dénoncer les torts, les travers, les contradictions d’une société qui se plait dans des traditions absurdes. Autant d'éléments qui permettent de mieux comprendre la comédie de Molière. La grande scène (III, 2) où Arnolphe lit à Agnès Les Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée, avec son exercice journalier devient un enjeu idéologique intéressant, lorsqu'on sait qu'un comédien, par définition excommunié et réputé amoral par sa fonction et par sa vie, serine une parodie de directives spirituelles et morales – si courantes à l'époque – pour les rendre ridicules. De plus, alors qu’elle n’était même pas capable d’identifier ce sentiment dans l’acte I, elle ose à présent affirmer son amour pour Horace : « Oui, je l’aime ». A l’école de l’Amour, Agnès démontre qu’il est dangereux de sous-estimer les jeunes filles. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-ecole-des-femmes-moliere/, Encyclopædia Universalis - Contact - Mentions légales - Consentement RGPD, Consulter le dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. Résumé : L’École des femmes de Molière (1661) Arnolphe prétend qu’une femme ne peut être sage et vertueuse qu’autant qu’elle est ignorante et niaise. Ces mesures ne s’accompagnent d’aucun budget supplémentaire. À l'acte III, il lui annonce qu'il est lui-même son futur époux. ", et la didascalie précise "ne pouvant parler". Le triomphe de l'amour : Agnès et Horace réunis. Mais immédiatement débutent les polémiques et les conflits avec ceux que Boileau nommera les "mille esprits jaloux": pédants, soutenus par le célèbre Chapelain, partisans de Corneille qui le jugent attaqué, comédiens rivaux de l'Hôtel de Bourgogne, avec, à leur tête, l'acteur Montfleury... sans oublier un bon nombre de "Précieuses" et de "petits marquis... Les attaques vont bon train, renforcées par le mariage, en 1662, avec Armande Béjart, sœur de Madeleine selon l'acte notarié, fille de celle qui fut longtemps la compagne de Molière, selon les ennemis de celui-ci. Déjà sa volonté d’abréger les salutations révèle sa joie, son impatience, son désir de savourer le triomphe dont il est certain. L' Ecole ou les Ecoles5 se situent donc dans la lignée des moralistes du XVIIe siècle. On note aussi le comique de répétition, comme le chapeau ôté de la tête d'Alain trois fois dans cette scène, ou la répétition du rejet d’Horace à la scène 4 de l’acte IV. French high-quality classics you always dreamt of but could never find. Elle est traitée avec comique et ironisme. », qui, plus que de l’étonnement face à son propre comportement, peut laisser supposer que tout ce discours n’est qu’une manœuvre de plus pour conserver Agnès en triomphant de ce rival auquel il ne cesse de se comparer : « tu seras cent fois plus heureuse avec moi » (v. 1591). On peut imaginer le changement de visage d’Arnolphe, inquiet, mais qui devra attendre le vers 915 pour savoir quel est cet « incident ». La lecture de la lettre révèle en effet l’habileté de la phrase qui a accompagné le « grès », avec son double sens : « je sais tous vos discours » se comprend, pour Arnolphe, comme « j’ai compris qu’ils étaient mensongers », mais, pour Agnès, cela signifie « je crois », et, bien sûr, « voilà ma réponse » n’est pas « le grès » mais la lettre. N. Mignard, Molière dans le rôle de César dans "La mort de Pompée" de Corneille, vers 1650. Acte III, scène 3 : Horace confie Agnès à Arnolphe, Arnolphe semble découvrir une nouvelle Agnès, qui représente précisément ce qu’il affirmait détester au Ier acte : « Voyez comme raisonne et répond la vilaine! / Qui diantre tout d’un coup vous en a tant appris ? De même, Agnès ne reste par longtemps la jeune fille sotte du premier acte : elle devient très vite une femme prête à se battre pour défendre son amour. Parfois même elles sont satisfaites de leur condition car, à l’époque, c’est le mariage ou le couvent. Le conflit, qui éclate dès qu’Agnès reconnaît Arnolphe, va croissant jusqu’à la menace physique. Une telle insistance montre bien qu’il s’agit là du message inscrit dans le titre même de la pièce : dans cette « école », c’est l’amour qui joue le rôle du maître, 1752. »), et jusqu’à une comparaison animale qui fait d’elle l’image du démon : « petit serpent que j’ai réchauffé dans mon sein ». C’est en effet une pièce qui dénonce des défauts humains mais qui interroge également des sujets de société ambitieux comme l’éducation des femmes, la domination masculine… Arnolphe se distingue également par sa complexité presque tragique. Cet éloge est soutenu par une série d’antithèses, qui montre la puissance de ce sentiment sur les traits de caractère : vers 906-907. La décision qu’elle a été capable de prendre, recevoir Horace dans sa chambre et le cacher à l’arrivée d’Arnolphe (Acte IV, scène 6), confirme le fait qu’elle est devenue capable de lutter pour son amour. Le mariage est alors tourné en dérision. Pour qu’il y ait une égalité parfaite entre l’homme et la femme, cette dernière doit être instruite. ​. Il trouvera en eux une inépuisable source d'inspiration. J’ai des pensées que je désirerais que vous sussiez ; mais je ne sais comment faire pour vous les dire, et je me défie de mes paroles. À plusieurs reprises dans la pièce, Molière a insisté sur le fait que l'amour possède une réelle puissance : « l’amour est un grand maître », c'est bien lui qui fait évoluer Agnès. a-t-il sitôt appris cette aventure? De ce fait, elle s’affirme elle-même, en répondant point par point à Arnolphe dans la stichomythie. Mais elle ne l’est plus du tout à la fin de la scène, quand elle le rejette avec brutalité. Elle ose d’abord le contredire : « Oh ! Il est enfermé dans l'orgueil de sa propre supériorité comme en témoigne le ton solennel adopté au début du texte, avec "bénir l'heur de votre destinée", comme si cet union se faisait avec un dieu qui daignait s'abaisser à épouser une simple mortelle, ou "nœud glorieux" avec la diérèse qui renforce l'adjectif. Sur le plan idéologique, Molière dénonce une conception paternaliste de la femme. Mais, à son époque, les goûts ont évolué sous l'influence de la Préciosité et de son intérêt pour les péripéties amoureuses. Réhabiliter ce mot est tout sauf du féminisme radical. Arnolphe est un homme d’âge mûr qui aimerait jouir du bonheur conjugal, mais il est hanté par la crainte d’être trompé par une femme. L'école des femmes a attiré tous les suffrages du public parisien et a suscité un scandale à l'époque vu le sujet traité (l'éducation morale et religieuse des femmes). Mais c’est uniquement ici qu’il évoque cet amour, et on le sent blessé et amer : « Je m’y suis efforcé de toute ma puissance ; / Mais les soins que j’ai pris, je les perdus tous. Ainsi la vérité sur la naissance d'Agnès produit un retournement de situation brutal, un coup de théâtre. Lire la suite, Dans le chapitre « La comédie » Pour provoquer le rire, il dispose d’un double héritage, venu de l’antiquité romaine, elle-même héritière de la comédie grecque. Parallèlement Arnolphe se livre à une violente critique des femmes. Ce sont des femmes souvent fortunées, parfois veuves, qui, grâce à leur situation, sont libres et, surtout, montrent qu’elles sont autonomes et indépendantes. Innovation littéraire en même temps que virulente et originale critique de la société de ce temps, L'école des femmes a considérablement choqué les tenants de la morale traditionnelle. Cependant, elle ne cesse d’être présente à travers les monologues d’Arnolphe et le récit d’Horace : le public mesure l’importance de l'évolution de la jeune fille, et cette scène constitue bien un tournant dans l’intrigue. Le ministre de l'Education, Vincent Peillon, l'avait annoncé : il y aura des cours de morale laïque à l'école.Ce mardi 9 octobre, le président de la République l'a confirmé :"J'ai donné mon plein accord au projet d'enseigner la morale laïque".Une déclaration faite pendant son discours à la Sorbonne le mardi 9 octobre, lors de la remise officielle du rapport issu de la concertation. Face à cette découverte, Arnolphe pousse un dernier cri, "Oh! Chez Arnolphe, l'obsession de ne pas être "cocu" tourne à la monomanie, et le rend ridicule, par exemple quand il tombe dans l'excès en parodiant le tragique (III, 5). L’École des femmes est une pièce en cinq actes et en vers ; elle pose des questions importantes pour l’époque, à propos du mariage et de l’éducation des filles. Mais il est obligé de garder le silence, face à Horace. Mais Molière s'écarte de la farce par un emploi du comique plus original : il le fait intervenir au moment où la tension dramatique pourrait rendre la situation des personnages pathétique, ou bien quand le conflit s'intensifie. Élargissez votre recherche dans Universalis, Le décor et le contexte de L'École des femmes sont à la fois parfaitement conventionnels et radicalement contemporains : « la scène est dans une place de ville », autrement dit dans le lieu carrefour de la comédie, et dans la ville des années 1660, Paris, capitale de la galanterie et dans le même temps dominée par la puissance patrimoniale. Molière considère donc que la plus grande règle est de suivre une morale naturelle, celle qui préserve la vérité des cœurs, sans tomber dans l'excès d'une passion obsessionnelle, telle la peur d'être trompé chez Arnolphe, et en respectant la dignité et la liberté d'autrui, tel Horace qui ne profite pas de la naïveté d'Agnès.​, Mise en scène de Robert Manuel, 1995 : Emmanuelle Livry et Michel Galabru. (vers 1766-1767). Sa comédie est également un plaidoyer en faveur de la nature. Les reproches adressés à Agnès viennent surtout de sa jalousie, car il a été obligé d’écouter les paroles amoureuses échangées par les deux jeunes gens : « Tudieu comme avec lui votre langue cajole ! L'école des femmes. 2ème temps de la rencontre : le dépit et la colère d'Arnolphe. French high-quality classics you always dreamt of but could never find. On observe d’abord son aptitude nouvelle à raisonner, soulignée par Arnolphe. Les interrogations oratoires à la fin de sa tirade tombent dans un excès tel que ce discours amoureux devient une caricature : « Veux-tu que je m’arrache un côté de cheveux ? Son « innocence » a été soulignée par Arnolphe, ainsi que son ignorance : « la rendre idiote autant qu’il se pourrait ». 4  Un personnage, souvent un dieu ou un envoyé des dieux, descendait d'une "machine" sur scène, et venait tout arranger en révélant la vérité : une naissance secrète, un enfant enlevé... Or, ce procédé n'est guère vraisemblable, car tout semble se résoudre au dernier moment, comme par miracle ! Après les confidences d’Horace, Arnolphe a appris d’Agnès elle-même, encore tout à fait innocente, sa rencontre avec lui et son amour naissant. 8-17 décembre 2003, Polémique autour du port du foulard à l'école. Il fait ainsi office de second père, en manifestant sa toute-puissance. Si, par certains traits, elle s'en tenait aux traditions de la farce, elle était écrite en trois actes, ce qui contrevenait aux lois du genre. Mais derrière cette jalousie, on sent la possessivité d’Arnolphe, son égoïsme profond, et son orgueil blessé, qui le conduisent jusqu’à la menace de violence : « une gourmade », « quelques coups de poing » (v. 1564-1567). Agnès qui exerce sa domination sur Arnolphe. ", la technique du « deus ex machina », héritée de la comédie antique. 3-25 octobre 1989, https://www.universalis.fr/encyclopedie/l-ecole-des-femmes-moliere/, Une subversion religieuse, morale et littéraire, dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. Quand Molière fait représenter L'École des Femmes en 1662, les spectateurs sont déroutés, car ils n'avaient jamais vu une pièce de cette forme ! Toutes révèlent, en effet, ses combats contre les hypocrites, contre tous ceux qui affectent des manières artificielles. » (v. 864), « Ils n’ont donc point ouvert ? L'école Des Femmes is a contemporary clothing brand owned & designed by Laura Sfez. Ainsi il lui reproche son inconduite, un manque de morale : « des rendez-vous la nuit », « vous évader sans bruit », « Suivre un galant n’est pas une action infâme ? Classiques. Elles vivent ainsi dans un monde d'illusions, où tout ce qui est naturel est présenté comme un "péché". Mais une morale sans exemples "vertueux" ne saurait être persuasive. Pour appuyer cette conception, Arnolphe fait appel à l'éducation religieuse reçue par Agnès au couvent. À la fin de la scène 5, on constate donc un début de résistance, encore très timide cependant. Mais le spectateur plaindra-t-il Arnolphe ? C'est notamment le cas des bousculades entre eux, et des coups reçus à l’acte I, scène 2, qui suscitent chez eux une véritable terreur face à leur maître. Son aspect odieux est manifeste dans ce passage. Ainsi, son amour est nettement rejeté par Agnès. Après de brèves salutations, des vers 844 à 852, le passage, qui répond à l’interrogation d’Arnolphe, est construit en deux temps, inverses, le triomphe d’Arnolphe face aux échecs d’Horace (vers 852-895) et son dépit en apprenant la ruse d’Agnès (vers 896-947), introduits par le connecteur d’opposition « Mais ». On notera le ridicule des arguments : en quoi la "barbe" serait-elle un signe de supériorité ? Le mariage n'est donc qu'un ensemble de contraintes pour l'épouse. Dans ses "placets" au Roi, Molière en appelle à son puissant protecteur, mais il ne renie rien de sa liberté d'auteur, "le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant. De plus, il considère que toute comédie doit aussi "instruire" le public. Le comique de cette scène vient donc de l'inversion de situation au cours du dialogue. NARRATEUR. Ce texte dépeint une réalité sociale du XVII° siècle : la femme mariée est juridiquement mineure, dépendante en tout du conjoint, et, à sa mort, de son fils aîné. Huile sur toile, 75 x 70. À peine a-t-on prononcé ces quelques mots que tout se met en place. L'absurdité du raisonnement mathématique ressort : "Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité", avec la fausse symétrie de "l'une" et "l'autre". Musée des Beaux-Arts de Rouen, Dans l’acte III, Agnès ne parle que dans la scène 2, et il ne s’agit même pas d’une parole personnelle, puisqu’elle ne fait que lire "Les Maximes du mariage". Il doit être complet : le plus souvent, il réunit sur scène tous les personnages, comme dans cette pièce ; il doit être rapide ; enfin,  il doit être nécessaire, c’est-à-dire satisfaire la logique de l'intrigue, mais aussi la morale. Peut-être qu’il y a du mal à dire cela, mais enfin je ne puis m’empêcher de le dire, et je voudrais que cela se pût faire, sans qu’il y en eût. Cela est renforcé par la modalité exclamative, avec les interjections, telles le « Ah ! C'est ainsi que l'opposition topique de la comédie (les vieux contre les jeunes) prend un sens tout à fait contemporain : les jeunes gens, dont la galanterie et l'amour sont naturels, ne peuvent qu'affronter le monde des vieux où rien n'est véritablement aimable, où tout est contrainte – en particulier l'éducation –, réclusion et obligation ; un monde sans liberté pour les femmes, sans jeu et surtout sans plaisir : « Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage./ À d'austères devoirs le rang de femme engage,/ Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,/ Pour être libertine et prendre du bon temps. » (v. 880). ». Le 25, au moins douze enfants sont tués par l'explosion d'une bombe devant une école primaire de filles à Luqman Banda, dans la vallée de Swat. De … L'école des femmes par Molière Longueur: 1:00 h Publié: 03/08/2009 Vous pouvez télécharger ce livre gratuitement si vous vous connectez avec vos informations de connexion Amazon pour un abonnement d'essai gratuit de 30 jours sur la principale plateforme de livres audio au monde, Amazon Audible. Il joue l’ignorant par ses questions : « D’où diantre ! Il a donné à son Horace une dimension que n'avaient pas les jeunes amoureux de la commedia dell'arte : il n'est plus seulement un jeune homme séduit par la beauté physique, et un peu écervelé, mais celui qui, touché par Agnès, l'initie au bonheur d'aimer. Cela révèle aussi son égoïsme. Le terme "mariage" est amplifié par la diérèse (vers 695) et associé à "d'austères devoirs", repris au vers 714 : "Son devoir aussitôt est de baisser les yeux". Pour le spectateur, c'est, en tout cas, une satisfaction de voir les excès d'Arnolphe ainsi punis, la morale est sauve. Et cette conception est soutenue par l'Église, à partir des épîtres de Saint-Paul : pour lui la femme pécheresse est un "cloaque". Il faudrait trouver des exemples de bonne moralité chez nos dirigeants politiques, économiques, banquiers... Qu'en pensez vous ? 6 Les Ecoles de Molière sont censées donner une leçon. Arnolphe charge alors ses serviteurs de l’en empêcher. Peu à peu, face aux propos d’Arnolphe, elle accède à la conscience de soi. L'École des femmes est une comédie écrite par Molière en 1662. L’expression « tenue républicaine » telle que mobilisée par le ministre de l’Éducation nationale ne s’inscrit pas dans une perspective juridique mais morale. C'est cette conception qu'exprime le personnage d'Arnolphe chez Molière. Modifié le 15/06/2004 ... L’éducation des femmes et la morale en danger. Quelle évolution psychologique des personnages cette scène révèle-t-elle ? Certes il évoque toujours Agnès comme « cette jeune beauté » et parle de « sa simplicité », mais on le sent sincèrement touché par la sincérité d’Agnès : « Tout ce que son cœur sent, sa main a su l’y mettre » (v. 941), « la pure nature » (v. 944). Dès le début de la scène, elle lui marque une absolue indifférence : « Quel mal cela vous peut-il faire ?

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