Nous avions tenté de démontrer que la pensée panafricaine et toutes les philosophies de l’identité africaines sont peut-être intéressantes pour une compréhension de l’Afrique moderne, mais que face aussi bien à la recherche d’une identité africaine – si cette recherche a un sens – et surtout à la question de légitimité de l’État postcolonial, elles ne peuvent être d’aucun secours parce qu’elles ont conduit l’Afrique à la défaite. Ma conception de l’universel est celle d’un universel riche de tout le particulier, riche de tous les particuliers, approfondissement et coexistence de tous les particuliers ». Ceci est d’autant plus étonnant que l’État constitue un immense pouvoir aussi bien face à la vulnérabilité des individus qu’à celle des communautés ou associations au sein des États. La culture politique changera, mais l’essentiel de l’univers symbolique ne sera pas radicalement changé pour avoir adopté les principes de liberté et d’égalité au nom desquels, apparemment, le continent a exigé son autonomie politique. Le parti au pouvoir en Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC), se réunit à partir de samedi pour élire le remplaçant du très controversé Zuma. Puisqu’il n’y avait pas l’anarchie mais des ordres politiques avec leur grandeur et leur misère, L’État postcolonial demeure une institution importée 18. L’administration des prétendues preuves dont « la fonction est de disqualifier les fictions africaines de l’Occident, de réfuter sa prétention à monopoliser l’expression de l’humain en général et d’où­vrir un espace où l’Africain pourrait enfin se raconter à lui-même ses propres fables dans une voix inimitable parce qu’authentiquement sienne » 16. L’auteur qui défend cette idée est Kwasi Wiredu, , Bloomington University Press, 1996, p. 114, et surtout p. 137 ; pour une récente prise de position s’agissant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, voir Fanny. L'étude des systèmes politiques de l'Afrique pré-coloniale peut certainement aider à la construction de ce modèle. Comme le note A. en se référant à J.-F. Bayart : « l’idée communément répandue est qu’en Afrique subsaharienne l’État n’aura été qu’une simple structure imposée par la violence, à des sociétés qui lui étaient non seulement extérieures, mais aussi hostiles. Certes, un grand nombre de de communautés aux structures de pouvoir fort éclaté en firent d’abord l’expérience dans le contexte colonial. Il en forme, au moins, la base. Elle ne s’en est pas sérieusement acquittée. Nous en dégagerons les conséquences en faveur du choix des principes de justice politique et surtout des conséquences pour la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. 12 Comme Kwame N’Krumah, Blyden a écrit plusieurs ouvrages peu connus. Charte africaine des droits de l’homme, Graduate Institutions Publications, Genève, 1993. Légitimer l’État signifie que, en se référant à leur histoire, les Africains ne reconnaîtront que les dirigeants qu’ils auront choisis librement d’après des règles qu’ils se seront données eux-mêmes et acceptées par tous ; des dirigeants capables d’assurer la gestion des affaires politiques conformément aux droits de la personne et du citoyen. 30Nous avons dit que, à la lumière de l’expérience coloniale et à la lumière de la « défaite » et de l’« abdication » de la pensée philosophique africaine, sachant ce que l’État postcolonial leur ferait subir et considérant l’impasse de ladite pensée identitaire ethno-raciale et même vindicative dans laquelle s’enferme l’Afrique contemporaine, les Africains auraient choisi des droits égaux et des libertés égales pour tous, malgré la diversité de leurs intérêts. Si cette distinction pouvait avoir ici un sens précis, on ne retiendrait que les travaux posant des problèmes de forme de la vie politique, par opposition aux analyses de contenu. Comment identifier ces institutions et en quoi sont-elles démocratiques dans le sens d’une démocratie avec des droits égaux et des libertés égales dont nous disions que les Africains les auraient choisis ? Ce dernier accueille 1/5e de la totalité des crédits alloués à Afrique de l’Est10.Djibouti reçoit ainsi trois fois plus que l’Éthiopie et deux fois plus que le Kenya. 19D’aucuns penseront exagérée cette qualification faite par Aimé Césaire de la colonisation qui se poursuit sous l’État postcolonial. Universel de par ses principes et contextuel parce que, sans être une théorie qui déduit son caractère normatif de l’histoire de l’Afrique, elle fait de cette dernière une lecture qui sert de base à la théorie politique. Law as Social System (Ed.) La querelle entre les différentes positions sur la philosophie en Afrique n’y change absolument rien. Elles ignorent aussi bien l’histoire des sociétés précoloniales africaines que l’histoire politique des sociétés occidentales. et les devoirs de l’individu de développer les valeurs africaines positives dont l’objectif est surtout d’aider l’Africain à ne pas devenir « agressif », « compétitif », « égoïste », de le mettre à l’abri de toute contamination extérieures, de s’occuper de sa pureté culturelle originelle noire, loin des valeurs que l’Organisation de l’unité africaine attribue à l’Occident et qui sont loin d’être la coexistence dans la paix et l’harmonie dont jouissent les Africains. ., p. 64-65. De même que les démocraties occidentales ne sont pas toutes en tout point identiques parce que partageant les mêmes principes, de même la démocratie en Afrique sera nécessairement différente et même d’un pays à l’autre, sans qu’il y ait besoin de faire preuve d’un activisme particulier. Centre africain pour le genre et le développement (2017). Notre offre théorique consiste à montrer que l’afri­ca­nité – si elle existe – est compatible avec des principes universels et qu’elle évite ce que Césaire, dans la Lettre à Maurice Torez, Chef du Parti communiste français en 1956, appelle les deux manières de se perdre. Encore faut-il bien en étudier la portée, l’extension et analyser le contexte 21. Aussi bien d’un point de vue anthropologique qu’historique, cette première position est tout simplement inacceptable et donc sans intérêt. Request Permissions. En Côte d’Ivoire, pour les prochaines élections (législatives 2021), parti au pouvoir et opposition ivoirienne se donnent rendez-vous en mars 2021, comme convenu à l’issue du dialogue politique ouvert lundi 21 décembre 2020. Ne reste que les droits égaux et les libertés égales pour légitimer l’État africain postcolonial. 48Encore faut-il qu’elle prenne en considération les problèmes épistémologiques que pose une telle démarche. Le dialogue politique en Côte d'Ivoire a été suspendu mardi sans qu'un accord formel n'ait été trouvé. 58Il s’agit pour nous de saisir l’histoire africaine dans ses grands moments qui permettent de parler d’une certaine africanité ou identité africaine minimale, qui n’est pas identique à la pensée africaine définie en termes ethno-raciaux, et de poser la question de la légitimité de l’État postcolonial en tenant compte de cette histoire particulière de l’Afrique moderne. Que la pensée africaine postcoloniale ne se soit jamais posé cette question de façon systématique semble difficile à comprendre 13. Cela signifie également que toutes les images que le colonisateur se faisait du colonisé, l’exacte opposé de ces images ainsi que toutes les tentatives ethno philosophiques ou autres de définir l’Africain, doivent être rejetées. 13 Nous disons de façon systématique pour ne pas sous-estimer les travaux de sociologie politique et de sciences politiques mais surtout l’apport du roman africain. URL : http://journals.openedition.org/leportique/3069. 24En négligeant la prise en compte de la question de légitimité de l’État et en se concentrant presque exclusivement sur l’autonomie culturelle, les sciences sociales et la philosophie ont conduit la pensée africaine à un redoutable réductionnisme, voire à un cul-de-de sac. L’idée panafricaine a émergé des conditions socio-historiques et politiques comme l’esclavage, la colonisation et a contribué à l’émergence de la situation postcoloniale, trois événements historiques qui ont profondément marqué l’histoire du continent les deux cents dernières années et dont les Africains ont été co-auteurs, collaborateurs et victimes à la fois. (2002) ; Bioéthique et cultures démocratiques (1996) ; Regards croisés sur la constitu­tion avortée de l’Union européenne (en collaboration avec Philippe Poirier, Gary Overvold (Éd.)) Refus qui se poursuit sous la postcolonie. L’appartenance à des disciplines scientifiques et à des courants de pensée présuppose que chaque discipline reconnaisse la perspective qui est la sienne, l’élabore et en présente les résultats. La démocratie dite occidentale est perçue comme un impérialisme culturel et toute critique allant dans le sens du respect des droits de la personne, est considérée comme le prolongement de l’impérialisme culturel. Il n’est pas hors propos de penser, qu’en plus des affaires politiques, le citoyen grec doit pouvoir gérer aussi sa maison. 41Le refus de toute domination implique non seulement le refus de la domination coloniale et postcoloniale, mais aussi celui d’arguments anthropologiques anticoloniaux qui se veulent des réponses aux préjugés coloniaux qui enferment ladite pensée africaine dans un immobilisme total et constituent, pour l’essentiel, l’univers mental et intellectuel de la compréhension de soi en postcolonie. C’est le discours des vaincus qui ont travaillé à la perte de leur propre liberté. Même dans la revue Politique africaine, dont le numéro 77 est consacré à la philosophie et à l’État en Afrique, c’est en vain que l’on chercherait une allusion à cette question qui touche aux fondements même de tout État et, a fortiori, de l’État postcolonial. Comme le montre bien Mamadou Hady Dème «Point de départ de la participation des citoyens à la vie politique, le mouvement de la société civile constitue le fondement de la démocratie, tandis qu'en Afrique et au Sénégal la gestion du pouvoir politique reste à la seule appréciation des politiques. 42Le choix des droits égaux et des libertés égales ne prétend pas constituer la solution des problèmes de l’État postcolonial dans le contexte africain. Difficile à comprendre quand on prend en considération toutes les énergies déployées par beaucoup d’écrivains pour défendre de leur plume les valeurs culturelles africaines alors que le plus puissant instrument de la colonisation, l’État colonial et surtout postcolonial, qui a anéantit ces valeurs et qui représente le symbole de l’institutionnalisation de cet anéantissement, est accepté sans remise en question. Seulement N’Krumah aussi a négligé les questions fondamentales relatives au pouvoir postcolonial en Afrique, à savoir celles d’assumer la responsabilité du passé africain, du passé d’esclavage, du refus de reconnaître et d’enseigner un fait historique important, celui du pacte avec l’ancien colonisateur. démocratiques occidentaux importés en Afrique, de redéfinir un modèle politique « à l'africaine », qui tienne compte des composantes des sociétés africaines. (2015) ; Systèmes psychiques et systèmes sociaux (Éd.) Ils préféreront vivre dans un État de droit qui structure et stabilise leurs attentes, donc dans un État nécessairement démocratique qui garantit en même temps à des minorités des droits constitutionnels. Les conséquences des définitions occidentales de l’Afrique. Bien avant toutes les meilleures promesses de développement économique et culturel et de mieux-être, ils préféreraient les deux principes de liberté et d’égalité. "Pour le moment, il n'est pas dans la politique active", affirme à l'AFP l'un de ses fidèles, son conseiller diplomatique Barnabé Kikaya bin Karubi, qui confirme que M. Kabila n'a pas l'âge de faire le deuil du pouvoir. Inutile de se demander de quels peuples il s’agit et en quoi ils garantissent la protection des droits de l’homme. 2Dans un récent numéro de la revue Critique, Philosopher en Afrique 2, trois articles attirent l’attention sur la tâche de la philosophie politique en Afrique. Il peut se formuler ainsi : la démocratie existe en Afrique, mais elle est différente parce que la ou les culture(s) africaine(s) est (sont) différentes. Notre contribution voudrait s’attaquer de front à ces manquements. 16Mais alors, si la question de la légitimité de l’État postcolonial s’impose, en quel termes la formuler et pourquoi est-ce que ce serait les principes de liberté et d’égalité que les Africains choisiraient comme base de leurs institutions publiques ? En effet, sur des enjeux majeurs comme l’État, l’exercice du pouvoir, la nature des régimes politiques, les rapports entre gouvernants et gouvernés, c’est en Afrique qu’ils semblent le plus poser problème, aussi bien empiriquement qu’au plan de l’analyse. C’est cet ensemble de questions qu’Aristote a désigné par la philosophie politique, qui relève de la philosophie pratique. On peut bien comprendre le souci de revaloriser les cultures africaines précoloniales. 43On peut diviser en trois grandes les positions le débat sur la démocratie en Afrique : a) celle qui pense que la démocratie est contraire aux cultures africaines, b) celle qui argumente qu’il y a une démocratie africaine que l’ordre colonial n’a pas pris en compte et c) une troisième position qui accepte l’ordre démocratique, mais trouve qu’elle doit s’inspirer des traditions africaines. L’alternance est piégée aux petits jeux de révisions interminables de la Constitution. 33Les Africains choisiraient la liberté et l’égalité parce que, si l’idée panafricaine est bien celle de l’émancipation et que cette dernière s’est malheureusement définie comme un mouvement politique ethno-raciale, voire une défense et une promotion des Noirs et de leur culture, alors ce choix des principes de liberté et d’égalité se justifie pleinement. 16 « À propos des écritures africaines de soi », Politique africaine, op. Ce cadre est celui de la recherche d’une fausse identité parce que fictive et réactive dans un État postcolonial qu’elle prend pour acquis et ne remet jamais en question. 10 Présence africaine, Vol. par Évelyne d’Auzac de Lamartine), Paris, 2016. 19 Comparé au citoyen grec, tel qu’on le présente dans les ouvrages, dont le seul intérêt reste, de façon primordiale, la politique. 46Les deux premières positions manquent de profondeur historique et anthropologique. On voit mal comment chaque philosophe de chaque peuple proposerait sa sagesse pour la gouvernance d’un État moderne comme le Ghana. 53La fonction de la Charte des droits de l’homme apparaît plus clairement dans toute son originalité, sa singularité : protéger les cultures africaines de la contamination par des valeurs de la culture occidentale, les orienter vers leur devenir. Published By: Sciences Po University Press, Access everything in the JPASS collection, Download up to 10 article PDFs to save and keep, Download up to 120 article PDFs to save and keep. I happen to believe that there is such thing as a universal human biology, that there is a biological human nature. Rappelons que le sous-titre de l’ouvrage est : Philosophy and Ideology for De-colo­nization. 34La postcolonie est l’aboutissement d’une histoire de l’échec des Africains à être maîtres de leur destin. Or, on peut difficilement imaginer des Africains qui, toute chose étant égales, et ayant une meilleure alternative, préfèrent le régime de l’État postcolonial dans sa forme actuelle, avec toutes ses brimades, à la vie en liberté. En lieu et place des moyens à se donner pour s’attaquer à des conditions de vie dans la situation postcoloniale, le discours africain s’est maladroitement engagé dans un cul-de-sac dont il reste entièrement responsable, même si par ailleurs des conditions herméneutiques peuvent nous en faire comprendre l’émergence. Cependant, la question de la légitimité du pouvoir n’a nullement la prétention d’esquisser une théorie générale de l’État, c’est-à-dire une théorie politique complète. Copier William Lapierre Jean, « 6 - Le plurilinguisme et la politique en Afrique », dans : , Le Pouvoir politique et les langues. Que cette réflexion n’ait pas eu lieu ou pas suffisamment dans la littérature politique sur l’Afrique postcoloniale, cela se ressent très clairement dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. 39Il s’agit là d’un moment négatif du choix des principes de liberté et d’égalité impliquant des droits opposables à l’État, donc des principes de non-ingérence, de libertés négatives. On comprend mal comment des spécialistes peuvent vouloir expliquer et défendre l’obligation faite à l’individu de suivre ce qui n’existe pas : les valeurs de la culture africaine 27. Mais c’est aussi parce qu’ils ont trouvé des complices : ceux qui récitent le rosaire des misères de la colonisation oublient vite et trop souvent que leurs maux de dents proviennent aussi de leurs parents. Rien que le passage du pouvoir colonial au postcolonial aurait pu constituer un dossier important des écrits sur la décolonisation et enrichir la mémoire collective. Centre africain pour le genre IDISA(Note d’orientation). Les participants ont notamment souligné la nécessité des échanges scientifiques entre les intellectuels africains sur le fonctionnement de l’État en Afrique Noire. En ce sens, le choix des principes correspond à une situation de liberté qui permet, dans un second moment, une renégociation des termes d’un vivre-ensemble. I would say, for example, that it is shaped by the more than 99 percent of our genes that we all share, by the fact that our closest common ancestor may have lived a little more than a hundred thousand years ago. 52La Charte se transforme ainsi en instrument de lutte pour la promotion des valeurs africaines positives. En d’autres termes, le fait que la démocratie moderne soit née en Europe ne dit rien sur la l’étendue de sa validité. Elle oublie surtout que, dans les sociétés stratifiées d’Europe, dans l’Ancien Régime par exemple, l’ordre social et politique n’était pas démocratique. La liberté et l’égalité ne sont que des principes formels. Elle fait de la démocratie l’exclusivité des sociétés occidentales. 50On le voit clairement, l’univers symbolique, culturel, confère à chaque démocratie vivante et vécue une coloration particulière qui donne à chaque démocratie une culture politique particulière, malgré l’existence des mêmes principes démocratiques. The author’s argument is that equal rights and equal freedoms need to come first, before and over African culturalistic discourses. 12C’est cette intuition fondamentale du choix des principes de liberté et d’égalité, auquel priorité sera accordée sur tout autre choix, que nous voudrions articuler dans les lignes qui suivent. Le refus de l’exploitation et le souci du progrès dont la race noire est porteuse peut tout justifier aux dépens de l’individu et surtout qu’une Charte des droits de l’homme soit transformée en instrument de défense de la culture qui, aujourd’hui, peut évoquer son identité pour torturer et opprimer des gens sur la base de leur orientation sexuelle, par exemple, tout en dénonçant dans son préambule les discriminations pour immédiatement violer la lettre et l’esprit de l’article 2 26. Donc, ce n’est pas l’absence de cette approche descriptive que nous regrettons, mais celle de la légitimation qui est une question de philosophie politique. The Revue française de science politique constitues a primary scholarly reference point in political science, both in France and across the world. D’ail­leurs, la découverte au Mali du « code des chasseurs », qui est considéré par beaucoup comme un ancêtre des droits de l’homme, pourrait constituer une des preuves empiriques dont nous parlions. Au nom de la grandeur du passé africain déclarée par la politique fondée sur des travaux de quelques universitaires africains, toute autre réflexion sur cette même unité culturelle africaine est interdite. En démocratie, le pouvoir est idéalement conquis et exercé en vue d’appliquer un programme politique, mais on sait là aussi qu’il n’en est pas toujours ainsi. Ils ont mangé des raisins verts. 9 Nous étions en 1982 et les choses n’ont guère changé. Voir un plus ample développement notre « Identität : Evolution oder Differenz / Identité : Évolution ou différence ». 5 Nous sommes conscients de la place faite aujourd’hui aux philosophies de la déconstruction, aux pensées relativistes du « anything goes » et même à des déconstructions du droit et de tout discours sur la justice. 21 Voir pour cela, Souleymane Bachir Diagne, « Philosophie africaine et Charte africaine des droits de l’homme », in Critique, tome LXVII, Op. Ce souci d’adaptation de la démocratie aux réalités africaines donne lieu à deux investissements dont le premier ressemble fort à un certain rejet. Pourtant, cette tâche relève sans doute des conditions sans lesquelles les Africains en tant qu’individus et collectivités ne peuvent même pas, dans certains cas, décrire leur situation, libérer le discours politique et se libérer des non-dits pour un travail mémoriel sincère devant l’histoire. On a plutôt l’impression du contraire du moins dans le cas de certains pays. Ces critères normatifs sont, entre autres, l’autorisation du pouvoir, donc le consentement des citoyens, et les principes de liberté et d’égalité ou de non-discrimination. Notre perspective se veut, elle, résolument normative 5. Comme le note A. Mbembe en se référant à J.-F. Bayart : « l’idée communément répandue est qu’en Afrique subsaharienne l’État n’aura été qu’une simple structure imposée par la violence, à des sociétés qui lui étaient non seulement extérieures, mais aussi hostiles. Certes, un grand nombre de de communautés aux structures de pouvoir fort éclaté en firent d’abord l’expérience dans le contexte colonial. Plus précisément, il s’agit de l’intégrité corporelle, condition de la capacité d’action, de réflexion et de tout ce qui touche l’être humain en tant qu’animal rationnel, social et politique 7. 28 Appiah dit à ce sujet : « I happen to believe that there is such thing as a universal human biology, that there is a biological human nature. Ils appellent à se remplir de contenus qui ne peuvent provenir que de la culture ambiante quotidienne. Échec enfin dans la tentative de la libération du joug colonial ou de la décolonisation où, à quelque chose près, la postcolonie n’a fait que remplacer la colonie dont elle a gardé la brutalité et l’inhumanité. Fonctionne-t-elle d’après l’égalité des participants à la discussion ou les aînés, parce qu’ils sont des ainés, ont plus de voix en vertu du principe du respect des aînés ? Ceux qui incarnent le pouvoir politique en Afrique sont comme des masques à plusieurs visages. Il réclame une rupture dans le débat africain contemporain avec le discours de l’enfermement et dans « What is Postcolonial thinking » plaide pour un universalisme fondé sur la constitution de l’espèce humaine 29. Pour ne prendre que deux exemples au hasard, Une Couronne pour Udomo (Paris, Stock, 1958) de Peter Abrahams posait déjà le problème de l’État africain et en décrit déjà certains aspects bien avant les indépendances. Elle mérite d’être nuancée, voire clarifiée. Il y a une totale absence de projet philosophique politique, capable de réfléchir à ce que signifie la colonisation et la situation postcoloniale, symbolisées en grands caractères par l’État postcolonial. , tome LXVII, 2011, p. 650-663 qui présente le débat africain sur la démocratie de façon très synthétique. Ces divisions ou dissensions ne sont sans doute pas à comprendre comme des visions différentes du monde pouvant caractériser une société humaine, mais plutôt comme des divergences conflictuelles qui ont conduit à la perte de leur liberté et à l’inégalisation des conditions sous le colonialisme, d’une part, ainsi qu’à l’insécurité et à la violence dans la postcolonie, d’autre part. Notre esquisse ne se veut pas nécessairement un projet africain. Nothing but equal rights and equal freedoms can legitimate the African postcolonial state. 17Laissons de côté l’esclavage et la responsabilité refoulée des Africains dans cette tragédie et concentrons-nous sur la colonisation. ., p. 664-671, spécialement p. 669-671. , pionnier de la critique de l’ethno philosophie. Coloniser, exterminer. ET STRATÉGIE ÉCONOMIQUE. 57Nous avons essayé d’esquisser ce qui pourrait être une philosophie politique dans le contexte africain. Il contribue à soulever une question très largement discutée, non seulement parmi les philosophes, mais par tous ceux qui se préoccupent des questions politiques en Afrique : la question de la démocratie et des droits de l’homme. Dès l’ouverture, on relève : (Qu)’il est donc heureux que des intellectuels africains appartenant à des disciplines scientifiques et à des courants de pensée différents, se décident enfin à réfléchir ensemble et à échanger des idées sur la problématique de l’État en Afrique Noire 10. Ces mêmes penseurs peuvent vous dire en quoi les droits de l’homme ont modifié les cultures occidentales elles-mêmes et même des dogmes religieux d’un occident qui se dit chrétien. OpenEdition Journals member – Published with Lodel – Administration only, You will be redirected to OpenEdition Search. Dire que l’État moderne est importé en Afrique n’interdit pas de prendre en considération la complexité du processus ayant conduit à la consolidation des structures qui lui ont donné naissance et surtout de souligner la part de responsabilité des différents acteurs indigènes, notamment des élites traditionnelles et non traditionnelles et d’autres acteurs non indigènes. Elles présentent bien des différences malgré l’adoption des mêmes principes. African Perspectives, Accra, Sub-Saharan Publishers, 2013. La raison n’est pas seulement qu’elles sont essentialistes et enferment l’Africain dans une identité collective factice, voire racio-culturelle fausse et anhistorique, mais, de plus, elles servent de base à des tentatives de définition et à des affirmations normatives relatives à la soi-disant démocratie africaine. Quant au colonialisme qui ignore l’existence, en Afrique, de structures démocratiques précoloniales, seule une anthropologie politique sérieuse, attachée à l’étude des grands ensembles politiques sociaux d’Afrique pourrait le confirmer. Une telle chose n’est plus possible. Elle oublie que la démocratie moderne est la résultante de conquêtes historiques. En pensée politique. Il s’agit d’Achille Mbembe, de Souleymane Bachir et de Pieter Boele van Hensbroeck. JSTOR®, the JSTOR logo, JPASS®, Artstor®, Reveal Digital™ and ITHAKA® are registered trademarks of ITHAKA. Réélu au premier tour de la présidentielle, Faustin-Archange Touadéra a gagné son pari. On voit mal comment leur adoption pourrait bousculer, voire révolutionner, comme par un coup de baguette magique, toutes les mœurs et toutes les valeurs, tout l’univers symbolique des sociétés africaines. 49Aussi rationnelle soit-elle, cette manière de penser la démocratie en Afrique soulève une importante question : pourquoi ce souci ou cette volonté tenace d’africaniser la démocratie ? Sciences Po University Press was founded in the 1950s as part of Sciences Po, which is among the top flight university institutions worldwide specialized in the social sciences.